Le Medef jette de l’huile sur le feu. À quelques jours de la présentation du plan budgétaire de François Bayrou, le patronat propose une série de mesures visant à réformer les arrêts maladie. Si ces idées sont retenues, elles pourraient impacter des millions de salariés et déclencher une vive colère sociale.
Le Medef veut réduire les indemnités journalières
La réforme des arrêts maladie pourrait coûter cher aux salariés. Selon une proposition du Medef révélée le 9 juillet 2025, les indemnités journalières (IJ) seraient remplacées par un forfait unique fixé à 0,58 SMIC.
Actuellement, ces indemnités varient entre 0,5 et 0,7 SMIC, avec un plafond abaissé récemment à 1,4 SMIC (contre 1,8 auparavant). Cette nouvelle baisse signifie une perte sèche de revenus pour les travailleurs en arrêt maladie.
Yves Laqueille, vice-président du Medef, justifie cette initiative par la simplification administrative : “Au regard de la complexité de gestion, mettre un forfait rendrait les choses plus aisées.” Pourtant, derrière cet argument technique se cache une économie estimée à plusieurs milliards d’euros.
Jours de carence élargis et interdiction de compensation
Les premiers jours d’arrêt maladie pourraient ne plus être indemnisés. Le Medef souhaite instaurer un ou plusieurs jours de carence obligatoires, sans prise en charge de la Sécurité sociale. Selon ses calculs, cela permettrait d’économiser jusqu’à 600 millions d’euros par an.
Cette mesure vise notamment à limiter les arrêts courts mais fréquents, souvent pointés du doigt dans les entreprises. La CPME a déjà exprimé son inquiétude face à “l’augmentation spectaculaire des arrêts maladie chez les moins de 30 ans”.
Mais le texte va plus loin : il prévoit d’interdire aux employeurs de compenser ces jours non indemnisés, dès le troisième arrêt dans l’année. Une disposition qui pourrait toucher particulièrement les travailleurs précaires ou en mauvaise santé.
Un dossier politiquement chargé
À l’aube du plan budgétaire de François Bayrou, les tensions montent. Alors que le Premier ministre doit présenter ses arbitrages le 15 juillet 2025, le sujet des arrêts maladie devient central. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 promet d’être houleux.
Le Medef estime que les réformes proposées permettront d’économiser 6,5 milliards d’euros. Mais pour les syndicats comme les salariés, ces mesures ressemblent à une attaque directe sur les droits sociaux.
Et alors que l’Assurance maladie anticipe un dépassement de 1,3 milliard d’euros de l’Ondam en 2025, la pression est forte. Pour autant, imposer une baisse des IJ et des jours de carence risque de provoquer une levée de boucliers.