“Inacceptable” : un zoo récupère des animaux domestiques pour nourrir ses fauves, la polémique explose

Un appel à dons comme les réseaux sociaux n’en avaient encore jamais vu. Le zoo d’Aalborg, au Danemark, a lancé une initiative radicale : il propose aux propriétaires d’animaux indésirables de les confier… pour qu’ils servent de nourriture à ses prédateurs. Lapins, poules, cochons d’Inde, et même chevaux sont acceptés, à condition qu’ils soient en bonne santé. Une fois arrivés, ils sont euthanasiés “en douceur” avant d’être donnés aux fauves. Cette pratique, défendue comme une démarche écologique et éthique par l’établissement, a déclenché un tollé mondial. Entre respect du cycle naturel et sentiment d’horreur, le débat fait rage. Et pose une question incontournable : où trace-t-on la frontière entre pragmatisme et dignité animale ?

Un zoo danois fait appel aux dons d’animaux domestiques

Situé sur 8 hectares et abritant près de 1 500 animaux de 126 espèces différentes, le zoo d’Aalborg est l’un des plus grands du Danemark. Depuis le 31 juillet 2025, il a mis en place une politique controversée : encourager les particuliers à lui céder leurs animaux domestiques devenus “indésirables”.

La condition ? Les animaux doivent être en bonne santé, et le don est limité à quatre par personne. En échange, les propriétaires bénéficient d’une déduction fiscale correspondant à la valeur marchande de l’animal.

Une fois reçus, les lapins, poules ou chevaux sont euthanasiés par des soigneurs formés, puis utilisés comme proies entières pour les carnivores du parc — lynx boréal, lions, ours, tigres.

Selon la direction, cette méthode permet de préserver les comportements naturels de chasse des prédateurs, souvent frustrés en captivité. “Rien n’est gaspillé. Et nos fauves retrouvent une alimentation proche de leur régime sauvage”, justifie le zoo dans un communiqué.

 

Une solution écologique ou une ligne rouge franchie ?

Le zoo d’Aalborg insiste sur l’aspect durable de son initiative. Plutôt que d’importer de la viande industrielle, souvent issue de chaînes polluantes, il utilise des animaux qui, autrement, finiraient à l’abattoir ou en refuge surchargé.

Pour certains, cette logique est irréprochable. “C’est une fin digne, dans le cycle naturel”, affirme un vétérinaire danois cité par Ouest-France. “Ces animaux ne souffrent pas. Ils sont euthanasiés humainement, puis servent à nourrir des espèces menacées.”

Mais pour beaucoup, le principe même est insoutenable. Sur Facebook, où l’annonce a été publiée, les réactions fusent. “Nourrir vos fauves avec des animaux de compagnie ? C’est inacceptable”, écrit un internaute. “Mon lapin n’est pas un steak pour lion”, renchérit un autre.

Le débat dépasse largement la question du gaspillage. Il touche à l’attachement affectif que nous portons à nos animaux domestiques — même lorsqu’ils ne sont plus désirés.

Quand l’humour noir s’invite dans le débat

Comme souvent face aux sujets sensibles, l’ironie n’a pas tardé à pointer son nez. Sur les réseaux, un commentaire sarcastique a fait le tour du monde : “Et si on en a marre de nos enfants pendant les vacances, est-ce qu’on peut les donner aussi ?”

Le zoo, surprenamment, a répondu avec humour : “Vos enfants sont les bienvenus… mais pas comme nourriture. Ici, on n’accepte que les animaux à plumes ou à fourrure.”

Une réponse qui a fait rire certains, mais choqué d’autres. Car derrière la plaisanterie, la question reste sérieuse : jusqu’où peut-on aller dans la gestion “rationnelle” des êtres vivants ?

Une pratique isolée… ou le début d’un modèle ?

Si le zoo d’Aalborg est le plus médiatisé, il n’est pas le seul à adopter ce type de pratique. En Allemagne, certains parcs zoologiques utilisent des animaux de ferme non désirés pour alimenter leurs carnivores. En Suède, des fermes de retraitement collaborent avec des zoos pour éviter le gaspillage.

Mais en France, une telle initiative serait illégale. Le Code rural interdit expressément la transformation d’animaux de compagnie en nourriture pour d’autres animaux, sauf en cas d’expérimentation scientifique strictement encadrée.

Pourtant, le sujet interroge. Selon une étude de l’Université de Copenhague, 23 % des propriétaires de petits mammifères domestiques ignorent quoi faire de leur animal en fin de vie. Beaucoup les abandonnent, parfois dans la nature, causant des déséquilibres écologiques.

Entre bien-être animal et réalité biologique

Le zoo d’Aalborg se défend de toute cruauté. Il rappelle que ses méthodes sont supervisées par des vétérinaires, et que l’euthanasie est indolore. Il insiste aussi sur le bien-être des prédateurs : pour eux, chasser, déchirer, consommer une proie entière fait partie de leur nature.

Mais pour des associations comme 30 Millions d’Amis ou la SPF (Société protectrice des animaux), cette justification ne suffit pas. “On ne peut pas instrumentaliser l’instinct naturel pour justifier une pratique qui heurte profondément les consciences”, affirme une porte-parole.

Le fond du débat n’est pas seulement éthique. Il est culturel. Dans certains pays, le lien avec l’animal domestique est strictement utilitaire. Dans d’autres, il est affectif, presque familial. Et c’est cette fracture qui rend la polémique inévitable.

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