Léa Salamé au 20 Heures : David Pujadas sonne l’alarme

Un rôle prestigieux, mais une trappe invisible. L’arrivée de Léa Salamé au journal de 20 heures de France 2 est l’un des événements médiatiques de la rentrée. Pourtant, derrière les applaudissements, une voix s’élève pour mettre en garde. David Pujadas, ancien pilier de ce même JT pendant 16 ans, juge cette nomination risquée. Selon lui, l’animatrice de Quelle époque s’engage dans un exercice trop contraint, qui pourrait ternir une image bâtie sur l’audace et l’originalité. Et surtout, elle pourrait, comme lui, en payer le prix un jour.

Un héritage lourd à porter

Le 25 août, Léa Salamé prendra les rênes du journal de France 2, succédant à Anne-Sophie Lapix après huit ans à l’antenne. Un poste emblématique, mais aussi un piège médiatique bien connu. Depuis des décennies, les présentateurs du 20 heures sont invariablement limogés, souvent sans crier gare. Patrick Poivre d’Arvor, Claire Chazal, et David Pujadas lui-même en ont fait l’expérience. Tous rois un jour, tous remplacés le lendemain.

C’est précisément cette fragilité du statut qui inquiète Pujadas. Interrogé par Gala, il ne cache pas son scepticisme : Léa Salamé a plus à perdre qu’à gagner. Une phrase cinglante, mais pesée. Car pour lui, l’animatrice incarne une figure libre, iconoclaste, qui sort des clous du journalisme classique. Or, le 20 heures exige le contraire : discipline, neutralité, respect d’un format millimétré.

Un rôle qui étouffe la personnalité

Le cœur du débat tient en une contradiction. Léa Salamé doit son succès à une présence unique, à une voix singulière, cultivée notamment dans l’émission Quelle époque. Elle est perçue comme une intellectuelle engagée, capable de mener des débats complexes avec finesse. Mais le journal télévisé, lui, fonctionne sur un modèle standardisé. Pas de place pour l’improvisation. Pas de marge pour la subjectivité. Le journaliste devient un relais, pas un protagoniste.

C’est ce passage du statut de star à celui de fonctionnaire médiatique que redoute David Pujadas. « Sa force, c’est sa personnalité. Or, il va falloir qu’elle rentre dans l’exercice contraint du 20h », explique-t-il. Une mise en garde d’autant plus forte qu’il affirme que Léa Salamé lui avait confié, par le passé, ne jamais vouloir endosser ce rôle.

Le piège de la chute médiatique

Pujadas sait de quoi il parle. Limogé en 2017 après 16 ans de service, il a vécu ce moment comme une libération inattendue. « J’avais imaginé une dépression, une catastrophe pour mon ego. Mais au contraire, j’ai réalisé tout ce qui m’avait été donné », confie-t-il. Aujourd’hui sur LCI, il produit et anime son propre programme, avec une liberté qu’il n’avait pas au 20 heures.

Son message est donc double : il ne juge pas le talent de Léa Salamé, mais il alerte sur le système. Le 20 heures n’est pas seulement un JT. C’est une machine à fabriquer des icônes… et à les briser. Une fois au sommet, la seule direction possible est la descente. Et cette chute, souvent, n’a rien à voir avec la compétence.

Une prise de risque pour une carrière déjà faite

Ce qui rend le cas de Léa Salamé particulier, c’est qu’elle n’a pas besoin de ce poste pour exister. Contrairement à un jeune journaliste en quête de reconnaissance, elle est déjà une figure incontournable du paysage audiovisuel. Elle a conquis le public par son intelligence, son style, son audace.

Prendre le 20 heures, c’est donc moins une ascension qu’un pari risqué. En quittant le terrain de l’expression personnelle pour celui de la neutralité imposée, elle risque de diluer ce qui fait sa force. Et si l’expérience tourne mal, ou si elle est un jour écartée, le récit médiatique sera sans appel : la star qui a « chuté ».

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