Un pot de beurre de cacahuète dans sa valise, ce n’est pas une arme. Pourtant, à l’aéroport, cela peut vous valoir une fouille poussée, la confiscation de votre produit, voire un retard voire un refus d’embarquement. Ce qui semble anodin cache une règle stricte de la sécurité aérienne : le beurre de cacahuète est considéré comme un liquide. Et comme tout liquide, il est soumis à des restrictions draconiennes en cabine. Décryptage d’une réglementation méconnue, mais parfaitement logique.
Une découverte surprenante à l’aéroport
Un passager américain a récemment fait une expérience inattendue lors d’un contrôle de sécurité. Il transportait un pot de beurre de cacahuète, un aliment courant dans son pays, sans imaginer qu’il enfreignait une règle fondamentale. Les agents de la Transportation Security Administration (TSA) ont aussitôt confisqué le produit. Pas de discussion possible. Pour eux, ce n’est pas de la nourriture solide, mais un gel — donc un liquide réglementé.
Ce cas, relayé par des médias américains et analysé par des experts, illustre un malentendu fréquent : la frontière entre solide et liquide n’est pas toujours évidente. Et dans le contexte ultra-sécurisé des aéroports, toute substance molle, fluide ou déformable est traitée avec suspicion.
Pourquoi le beurre de cacahuète est classé liquide
La réponse réside dans la physique, pas dans la cuisine. Selon Ted Heindel, professeur d’ingénierie à l’université d’Iowa, le critère déterminant n’est pas l’apparence, mais le comportement du matériau. Un liquide, en science, se définit comme une substance qui s’écoule, prend la forme de son récipient et est peu compressible.
Le beurre de cacahuète répond à ces critères. Il ne coule pas comme de l’eau, certes, mais il se déforme sous pression, s’étale, ne conserve pas sa forme. C’est ce qu’on appelle un gel ou un fluide non newtonien. À ce titre, il entre dans la catégorie des substances visqueuses, comme la mayonnaise, la confiture, la crème de sésame ou encore la pâte à tartiner au chocolat.
La règle des 100 ml, en vigueur partout
Depuis 2006, après une tentative d’attentat à la bombe liquide sur un vol international, les autorités aériennes mondiales ont imposé une règle stricte : tout liquide, gel ou aérosol en cabine doit être :
contenu dans des récipients de 100 ml maximum ;
placé dans un sachet transparent refermable ;
limité à un seul sachet par passager.
Cette réglementation, adoptée par l’Union européenne, les États-Unis et la plupart des pays, s’applique sans exception. Un pot de 500 g de beurre de cacahuète, même entamé, ne peut donc pas passer en cabine.
Peut-on l’emporter en soute ?
Oui. La bonne nouvelle, c’est que cette restriction ne concerne que les bagages à main. En soute, aucune limite de quantité ne s’applique aux aliments solides ou semi-solides, tant qu’ils sont correctement emballés. Vous pouvez donc emporter votre pot de beurre de cacahuète enregistré, sans risque de confiscation.
Cela vaut aussi pour d’autres produits similaires : yaourts, sauces, purées, fromages fondus, etc. L’essentiel est de ne pas les garder dans votre bagage cabine si leur contenant dépasse 100 ml.
Un risque sous-estimé, mais réel
Si cette règle peut sembler excessive, elle repose sur un principe de sécurité incontournable : les liquides peuvent être utilisés pour transporter des substances explosives ou dangereuses. Le beurre de cacahuète, bien qu’innocent, rentre dans une catégorie à haut risque réglementaire. Les agents de sécurité ne font pas la distinction entre un aliment et un matériau potentiellement détourné.
De plus, en cas de contrôle, un produit non conforme peut entraîner un retard, une fouille approfondie, voire une interdiction d’embarquement si le passager refuse de se séparer de l’objet.