Un silence de trente ans vient d’être brisé. Claude Buttin, ancien magistrat retraité ayant exercé pendant près de quatre décennies dans plusieurs tribunaux de province, a levé le voile sur des dysfonctionnements profonds qui minent, selon lui, le cœur de la justice française. Dans un entretien percutant, il accuse : retard chronique des procédures, manque criant de moyens, pressions hiérarchiques, et une culture du silence qui étouffe toute remise en cause. Ce n’est pas une critique anodine. C’est un cri d’alarme lancé par un homme qui a tout vu, tout vécu, et qui, désormais libre de parole, refuse de se taire.
Un système au bord de l’asphyxie
“On ne juge plus dans des délais raisonnables. On subit”, lâche Claude Buttin avec une gravité qui ne laisse pas indifférent. Selon lui, les délais d’instruction s’allongent de manière inacceptable. Une affaire pénale peut désormais prendre entre trois et cinq ans avant d’arriver devant un tribunal correctionnel. Pour les affaires complexes, comme les violences conjugales ou les escroqueries en série, le délai peut atteindre sept ans.
“Le justiciable perd confiance. La victime oublie, l’accusé se croit intouchable, et le juge se sent impuissant”, décrit-il. Un constat corroboré par les rapports annuels de la Chancellerie, qui reconnaissent un retard cumulé de plus de 500 000 dossiers non traités dans le réseau judiciaire français.
Claude Buttin ancien juge à la retraite lache une bombe sur la justice française…
Le @CSMagistrature vont moins faire les malins hein??! On sait tous qu’ils sont franc Maçon ! pic.twitter.com/ri5wnVCVAD
— Gay patriote (@platinium230) August 5, 2025
Des tribunaux sous-équipés, des magistrats surchargés
L’ancien juge pointe du doigt un manque structurel de moyens. “Nous étions 15 magistrats pour traiter le travail de 25. Les greffiers partent, les postes ne sont pas reconduits. Les locaux sont vétustes, les logiciels obsolètes.” Dans certaines juridictions, les dossiers sont encore gérés à la main, sur des registres en carton.
Mais le problème ne se limite pas aux effectifs. Il concerne aussi la pression hiérarchique. “On nous demande des chiffres : plus de procès, plus de décisions. Mais sans nous donner les moyens. Alors on accélère là où on peut : sur les affaires simples, quitte à sacrifier la qualité de l’instruction.” Selon lui, cette logique de productivité nuit à la présomption d’innocence et à l’équité du procès.
Une culture du silence qui étouffe
Ce que Claude Buttin dénonce avec le plus de vigueur, c’est l’omerta qui règne au sein de l’institution. “On ne parle pas. On ne critique pas. On ne remet rien en cause.” Selon lui, toute forme de contestation est perçue comme une trahison. Les magistrats qui alertent sont marginalisés, mutés, ou poussés vers la sortie.
“J’ai vu des collègues démissionner en pleine audience. J’en ai vu d’autres partir en arrêt maladie à cause du stress. Et personne ne dit rien.” Il évoque même des cas de pressions indirectes pour orienter des décisions, notamment dans les affaires sensibles liées à la délinquance économique ou aux responsabilités politiques.
Et pourtant, la justice reste essentielle
Malgré ses critiques acerbes, Claude Buttin ne rejette pas le système. Il veut le sauver. “La justice, c’est le pilier de la République. Sans elle, il n’y a plus d’État de droit.” Mais pour cela, il faut, selon lui, une réforme profonde : recrutement massif de personnel, modernisation des outils, indépendance renforcée vis-à-vis du pouvoir exécutif, et surtout, la fin de la culture du silence.
Il appelle à la création d’un “comité d’éthique indépendant” chargé de recueillir les signalements internes, sans crainte de représailles. “Il faut permettre aux magistrats de parler. Sans cela, on continuera à couler en silence.”
Un cri salutaire ou un coup de projecteur tardif ?
Les propos de cet ancien juge ne sont pas isolés. Ils rejoignent les alertes répétées de la Constitutionnelle, du Conseil supérieur de la magistrature, et des syndicats de magistrats. Pourtant, les réformes restent timides, souvent symboliques. Les budgets stagnent. Les annonces politiques ne se traduisent pas sur le terrain.
Avec son témoignage, Claude Buttin espère “réveiller les consciences”. Car si la justice tarde à se réformer, c’est la confiance des citoyens tout entière qui s’effondrera. Et une démocratie sans confiance dans ses juges est une démocratie en danger.