Vous êtes en couple, mais vous avez l’impression d’être seul(e). Vous partagez un toit, peut-être des enfants, des repas, des factures… et pourtant, quelque chose manque. Ce sentiment de solitude émotionnelle est plus fréquent qu’on ne le pense, même dans les relations apparemment stables.
Face à ce malaise silencieux, on se demande souvent si cela vient de soi ou si c’est “dans sa tête”. Rassurez-vous : ce ressenti est légitime, et il mérite d’être éclairé. Entretien avec Christian Richomme, psychanalyste, pour mieux comprendre cette forme de solitude bien réelle.
Ce n’est pas “dans votre tête” : la solitude émotionnelle existe
Beaucoup de personnes viennent consulter avec une question récurrente : « Pourquoi je me sens seul(e), alors que je suis en couple ? » Selon Christian Richomme, expert en psychanalyse, ce type de souffrance est fréquent dans les consultations. Et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas un caprice ou une exagération.
Il explique : « Se sentir seul(e) dans son couple, c’est souvent un signe que l’espace émotionnel n’est plus nourri. On partage le même lit, mais pas les mêmes rêves. On parle de la liste de courses, des enfants, des factures… mais plus de ce qui nous touche profondément. On ne se sent plus écouté(e), ni vu(e) dans ce que l’on est vraiment. »
La solitude dans le couple, c’est donc être ensemble… sans vraiment être connectés.
Pourquoi se sent-on seul(e) quand on est en couple ?
Plusieurs causes peuvent expliquer ce phénomène. Il s’agit rarement d’un unique responsable, mais plutôt d’une accumulation de petits écarts qui finissent par creuser un fossé. Voici quelques explications avancées par le spécialiste :
- La routine amoureuse : après plusieurs années passées ensemble, la relation peut perdre en intensité. Les conversations deviennent fonctionnelles, les gestes mécaniques.
- Les blessures d’attachement : peur du rejet, difficulté à exprimer ses besoins ou à demander de l’aide, perte de confiance… Autant de barrières invisibles qui empêchent une vraie connexion.
- Un déséquilibre dans la communication : quand l’un(e) donne beaucoup plus que l’autre, cela crée un vide affectif, même sans conflit apparent.
- Des rôles figés : “Je suis le protecteur”, “Je suis la gestionnaire”, “Je suis le soutien financier”… Ces rôles utiles au quotidien peuvent effacer la complicité initiale.
Tous ces éléments finissent par créer une distance invisible, mais bien présente, qui fait souffrir.
Comment sortir de cette solitude sans fuir la relation ?
Si ce ressenti est difficile à porter, il peut aussi être un signal utile. Comme le souligne Christian Richomme, la solitude dans le couple n’est pas une fatalité — elle peut être le début d’un renouveau, à condition de faire face au problème ensemble.
Voici quelques pistes concrètes pour y voir plus clair et reconnecter le lien :
- Identifiez vos besoins : Avez-vous besoin de tendresse ? De reconnaissance ? D’échange profond ? Apprendre à nommer ce qui manque est essentiel.
- Communiquez autrement : Évitez les reproches (“Tu ne t’intéresses plus à moi”) au profit d’émotions partagées (“Je ressens un manque de connexion entre nous”).
- Créez des rituels de couple : Rendez-vous hebdomadaire de 20 minutes sans téléphone, sans enfant, juste pour parler de vous deux. Cela semble simple, mais c’est puissant.
- Osez la vulnérabilité : Exprimez ce que vous aimez encore chez l’autre, vos craintes, vos attentes. La sincérité réveille souvent le lien.
- Ne culpabilisez pas : Cette solitude n’est pas un échec. C’est une invitation à revisiter la manière dont vous vivez votre amour aujourd’hui.
Redonner vie à la relation, c’est possible
Sortir de la solitude dans le couple, c’est possible, mais cela nécessite une volonté commune de retrouver le dialogue, la tendresse, et surtout l’intimité émotionnelle. Selon Christian Richomme, « si on accepte de remettre du dialogue, de l’écoute, et un peu de soi dans l’histoire, tout peut changer. »
Et si ce ressenti est une étape incontournable pour redécouvrir ce que c’est d’être vraiment en couple ? Parfois, il faut toucher le fond avant de reconstruire… différemment.
